Et bien, les Utras s'enchaînent et ne se ressemblent pas, c'est tout l'intérêt certes, mais bon... Je ne reviendrais pas sur le changement de parcours qui ne m'a, pour ma part, pas spécialement perturbé, mis à part une petite baisse d'excitation; mais pas de dépression. Je n'ai surtout pas voulu dépenser de l'énergie sur cet aléa, qui malgré tout, permet aux 75 nations présentes de participer quand même à un Ultra trail, même si celui-ci se retrouvera réduit et ne passera qu'en France : 104km, 5800 D+. Cependant tu ne peux pas dire que tu es finisher de l'UTMB puisque tu n'as pas fait le Tour du Mont-Blanc, tu es finisher d'un Ultra Trail de 100km autour de Chamonix à l'occasion de l'UTMB!
Déjà une chance, qu'il ne pleuve sur la ligne de départ :
Nous attendons l'arrivée du 1er de la CCC avant que la musique mythique d'avant-départ retentisse au coeur de Chamonix. Place à la course : Les fauves sont lâchés, encouragés par une foule toujours aussi impressionante. Alors que j'entends des "Allez Laurent", "Allez Lolo", un encouragement venant de "Valentine" me portera sur tout le parcours. 5km de parcourus et j'ai déjà des jambes en béton, ça sent pas que du "bon" cette histoire, quadris et mollets déjà contractés, si tôt, aie aie aie... La pluie se met à tomber, comme prévu, abondamment même, les conditions étaient annoncées difficiles : Pluie, vent, froid toute la nuit!! Pas de souci, faut s'habiller en conséquence!
Dans le descente du Col de Voza, je me tords la cheville gauche! Rien de bien grave mais je sens que je suis moins bien armé au niveau assurance et gainage des cuisses... Pas gagné cette histoire. A Saint-Gervais, changement rapide de bidons grâce à mes assistants de rêve, puis direction les contamines sous les encouragements de Zou et Marion.
Aux Contamines, je change de haut, prenant un textile plus épais pour monter à La Balme, un peu de soupe et go... Sauf que peu de temps après, alors que je bidouille mon dossard, je me fracasse les genoux sur un rocher situé au milieu du chemin. "taclé" net par devant le Lolo, je me retrouve à plat ventre sur le sol, "out", 2 espagnols courant à côté de moi viennent voir si tout va bien... Aie aie aie... La rotule gauche a reçu un bon "shoot"!!! Pff, déjà que ce n'est pas la forme olympique voilà pas que je me fusille le genou bêtement!! C'est douloureux mais je continue le grand voyage! Mes supportrices m'encouragent au pied de la Montée de la Balme alors que j'ai un coup de mou... Ouf! Ravito rapide à La Balme, puis on trouve la neige sur les chemins. Dans la descente qui mène aux Contamines, je me rétâme et retombe sur le genou, tout va bien!!! J'arrive dépité au ravito, Mes amis m'encouragent à aller voir une kiné! Baisse de moral, elle masse un peu la bête et me dit de tenter le coup jusq'aux Houches! Jasmin me dit, tu pars sur un gros morceau là... Je tente, on ne sait jamais... Ca monte fort, puis descend et ça remonte à Bellevue... pfff, j'en vois plus le bout, la douleur revient de plus belle, je dois ralentir dans les descentes voire marcher. Et que dire de la descente "surfante" dans la boue pour rejoindre les Houches : un vrai champ de bataille, là! Je dois avouer que je jongle grave.. pendant les 5km de glissades! Limite supportable à cause des torsions dans tous les sens! J'ai alors mon esprit qui envisage sérieusement l'arrêt définitif au stand! Comme un petit diable qui sort de ma tête, qui me balance des idées noires, négatives à tout va! Oui mais à côté, l'ange tente de me raccrocher à la course sans pour l'instant réussir à me faire changer d'avis.
Arrivé au stand, Fred m'accompagne et sent bien que je suis dans le négatif. La dream team m'encourage, je demande combien de km il reste? 30 m'annonce Jasmin! Je fais le point dans ma tête, 30 c'est jouable! Je pense à Mélissa qui va se battre et serrer les dents pour arriver au bout, à Audrey a qui j'ai suggéré de faire la CCC, et à un certain Lolo, autre ange qui va vite me mettre un coup de boots pour continuer l'aventure. L'ange a gagné le 2ème round, c'est reparti direction Merlet et à ce moment précis, je sais que je finirai la vadrouille! Evidemment la place m'importe plus, je suis rentré depuis un trentaine de km dans un objectif de terminer si possible à peu prêt en état vu les douleurs.
Et comme un miracle, je retrouve un doliprane qui viendra atténuer un peu les symptômes, d'autant plus qu'en compensant avec la jambes droite, je chope de sacrés contractures aux quadris... pfff, la galère quand même!
Mais avec le jour, le sentier balcon sud des Aiguilles Rouge, les encouragements, la frappe dans les mains des pétillants enfants, un rayon de soleil, je me retrouve chargé en énergie positive (merci Pascal Blanc pour tes conseils). Et vu que j'ai du sérieusement réduire mon allure depuis quelques heures, je suis régulier et revient même sur des coureurs en perdition sur la dernière montée de La Flégère.
A Argentière, je reste 2 minutes et j'enchaîne car je ne veux pas me refroidir ayant trop peur d'être vérouillé au niveau des cannes et des genoux.
10km, il ne reste plus que 10km pour enfin franchir cette ligne d'arrivée qui sera pour moi synonyme de libération, et de victoire sur moi-même! Je suis porté par les encouragements de mes proches, puis par cette foule ennivrante. C'est vrai qu'en 2009, à 2h30 du matin, ce n'était pas la même ambiance! C'est fou quand même comme ça peut donner des frissons! Vivre ces sensations là, franchement, c'est indescriptible, que tu sois 1er ou dernier, INCROYABLE!
Des regrets sur ma place, 383ème? Surement pas! On a la place qu'on mérite; parfois on se fait plaisir, on performe à notre niveau... Et parfois, on tire son boulet, on galère, et le fait de terminer est déjà une belle victoire, peu importe la place!
Un grand merci à tous nos amis qui nous aidé et soutenu durant le week-end, à Xtof et Céline pour les photos... Une belle place de finisher pour mon ami le squale Loïc, et alors que dire de Mélissa, qui s'est sacrément donnée pour arriver elle aussi, bien dégondée à Chamonix, en ayant certainement plus souffert que moi... (Oui mais les hommes sont des chochottes :-))
PS : photo prise avant le départ
Après ça donne ça!
Et ça se termine toujours bien, méritée celle-là ! La 1ère de "l'hiver" le 2 septembre....