Samedi 19 octobre : 2h45 du matin :
27h45, c'est le temps que j'aurai mis pour atteindre le sommet du Maïdo avant de devoir déposer les armes au 115ème km, usé par le tendon releveur trop enflammé pour continuer la bataille.
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Jeudi 17 octobre 23h : Depuis 2 heures, avec Mélissa et Toto, nous sommes sur place en compagnie de toute la famille des mauriciens (une bonne dizaine) qui nous apporte de belles ondes et cette chaleur humaine caractéristique de l'océan indien. Le départ est donné au beau milieu d'une foule de supporters incroyable. L'ambiance est déjà, à elle seule, une pure "folie" digne de certains passages du Tour de France. Le début de course est très roulant. Je ne suis pas très adepte des parties en goudron et des faux plats montants au milieu des champs de cannes à sucre sur lesquels t'es obligé de courir. Mais, bon, faut passer par là avant d'emprunter un sentier étroit en direction du Piton textor. Je ne bouchonne pas trop mais j'apprendrai par Mélissa que vers le milieu de peloton, c'est un peu la galère car ça bouchonne grave.
Photo Gilbert Victoire
Sur les hauteurs, il fait froid, la végétation est givrée, on approche des 0°C. Puis s'ensuit la descente en direction de Mare à Boue où je croise mon Daf qui m'encourage avec enthousiasme.
Je me refait un peu la cerise pour monter le coteau Kerveguen, puis une descente ultra technique en direction de Cilaos vient chahuter tout mon squelette; je sens mon mollet gauche se tétaniser petit à petit. J'arrive à Cilaos un peu crâmé mais avec le moral. Sabrina et Daf me remettent sur pied et un kiné me fait un petit massage au mollet gauche. Je ne reste pas longtemps et poursuit mon périple dans le cirque de Cilaos. J'attaque la montée du Taïbit en plein soleil. Je crâme, wow, je ramasse grave et au ravito, je dois me poser sous un shouilla d'ombre tellement je suis fatigué. Virgine Péchon, m'encourage mais doit surement se dire que je suis un peu "à la ramasse". Mon Daf aussi me stimule pour enchainer les 800m de D+ du Col du Taïbit.
J'arrive au sommet non sans mal, puis pars en direction de Marla. Je vois Fred Bousseau avec qui j'échange un peu. Je ne suis pas au mieux, je crois que j'ai pris un bon coup de chaud. Puis je pars au Col des Boeufs. Une belle descente technique emprunte le sentier scout pour descendre tout en bas de Mafate. J'ai sacrément mal au niveau du serrage du lacet sur le pied gauche. Je ne sais pas encore que je suis entrain de compenser ma contracture au mollet, et que petit à petit, je suis entrain de m'entraîner vers la spirale irréversible de la douleur.
Il fait nuit noire, il faut monter sur Roche Plate. Je vois dans le ciel des étoiles scintillantes et des étoiles qui bougent. Waou, ce sont les frontales des concurrents qui montent jusqu'au ciel. Que c'est haut, cette montée me démonte. Je n'en vois pas le bout, ça monte jusqu'au ciel.
Enfin Roche Plate se découvre avec une ambiance typique. Je décide de siester 1/2 heure car je suis vidé, Plus de jus dans les guibolle, que c'est dur; plus d'énergie le lolo. Je me jette dans une tente et me réveille par des frissons dus au froid 20 minutes plus tard.
Je reprends courage pour grimper le rempart du Maîdo. Mais c'est dur dur, pfff... j'ai mal à chaque pas côté gauche, je n'ai plus de jeu au niveau de la cheville, tout est rigide et la douleur se généralise. Quelle galère, j'arrive enfin au sommet, c'est dur. Encore 20 minutes pour gagner le ravito, mais je n'arrive même plus à dérouler en descente. Mes sensations ne sont que douleurs.
A Maïdo Tête dure, j'échange avec le Doc lui disant que ça se complique sérieusement. Il tâte le terrain en appuyant sur le releveur et je râle de douleur. Il me dit d'ôter ma basket. Je fais ce qu'il dit et en moins de 30 secondes, un oedeme se forme à vue d'oeil. Je ne peux plus remettre la chaussure et définitivement plus remettre le pied au sol. Il me dit : "Terminé" Laurent
"Terminé", le mot que dans ce sport, tu souhaites entendre qu'une fois le ligne franchie. Mais là, il reste 50km, et c'est tout simplement impossible. Il faut se résoudre à abandonner l'aventure. Suis tristoune, mais c'est comme ça, je ne peux qu'accepter le sentence libératrice, car à force de subir, cette décision à malgré tout l'avantage de mettre fin au suplice.
Alors voilà, il est 2h45 du matin, après 27h45 de course, je mets le clignotant, je décroche comme dirait Daf. 2011 m'avait déclaré officiellement "FOU", mais pas 2013. Je resterai un simple fêlé (du Grand Colombier).
Par contre pour la 2ème fois, Mélissa portera la couronne de la "Folle", mais ça on le savait déjà qu'elle était secouée. Grand Bravo à toi car j'ai pu constater, en te suivant sur la fin, que tu détenais une force mentale assez impressionante.
De retour en métropole depuis hier matin, je suis entre deux eaux : content du séjour, et déçu par ma course. Ce sont les aléas du sport et de ce sport en particulier. Mais bon, faut se faire une raison et ce n'est que du sport, alors, à quoi bon de se morfondre?
MERCI pour tous vos encouragements et soutien. Grand MERCI à mon DAF et à SABRINA. Et TOTO, t'es un vrai fou, mais ça on le savait aussi :-)