Dernier réveil désertique pour une ultime étape qui s'annonce sableuse et dunesque avec notamment les majestueuses dunes ocres de Merzouga. A voir les concurrent passés devant la tente, et à voir ma démarche, j'ai l'impression d'être dans un centre hospitalier. Certains coureurs sont momifiés, enroulés de bandes blanches des pieds à la tête. Tendinites, ampoules, brulures, dos abimés, un vrai panel de sportifs plus trop en forme Olympique. Un de nos voisins marche d'ailleurs comme une cigogne, levant la jambe droite en déroulé, étonnant! Il terminera l'aventure avec des béquilles.
Nous apprenons qu'une anglaise vient d'être retrouvée après avoir passé la nuit seule dans le désert, perdue! Dénouement heureux pour cette anglaise et pour Patrick Bauer qui ont du passer tous les 2 une des plus longues nuits de leurs vies.
Il est temps! il est temps d'en finir avec cette si belle et si difficile course. Plus que 21km, et c'est la quille, la médaille finisher. J'ai vraiment du mal à marcher, va y avoir un grand moment de solitude sur les 1er km à ce niveau là.
Ca part au taquet comme d'habitude sur les dernières étapes assez courtes du MDS. Je me sens plutôt pas mal mais bridé par ma vitesse. Je suis assez cuit quand même, payant les efforts de la longue étape et du Marathon. Ce n'est pas bien grave, 26ème au général, au pire je peux perdre une place car le 27ème n'est qu'à 2 minutes. Je n'ai pas voulu repérer son N° de dossard, préférant faire mon étape à mon rythme au maximum de mes capacités. Superbe parcours, alternance de dunes, plateaux, puis on passe dans un village fantôme, incroyable! Des ruines au beau milieu du désert, signifiant la vie dans ce milieu invivable.
Elles arrivent, elle sont là, dernier rempart avant de retrouver la civilisation. J'adore ces derniers moments, à la fois magnifiques et douloureux autant physiquement que nerveusement. Une envie d'arriver au plus et de faire "arrêt sur image", abréger les douleurs musculaires et profiter au ralenti de ce spectacle, de ces derniers instants.
Mais elle apparaît, digne et fière comme nous tous, cette banderole "25ème Marathon des Sables", qui signifie que les 250km sont dans la tirelire et qu'il est temps de reposer ce corps fatigué, chahuté alors que la tête est au contraire, heureuse et régénérée, aux anges.
La page se tourne, le livre du Marathon des Sables se ferme. Ce sera certainement mon dernier, 3 éditions c'est pas mal, et il y a tant d'autres Aventures à vivre, d'autres pays à découvrir...
Bravo à toi Laurence, abeille du désert qui remporte cette si belle étape...
Et oui Aurore, elle est là, ta médaille, vous avez vécu une aventure qui vous transformera à jamais. Il y a un avant et un après MDS, vous ne serez plus jamais comme avant! C'est la Magie de ces raids extrêmes, extrêmes à tout point de vu, que ce soit sportif, psychologique et intime.
TchaO les Abeilles, très heureux d'avoir eu la chance de partager avec vous cette belle traversée du désert...