Du caviar pour les amateurs de sport. L'édition 2007 de "The North Face Ultra-Trail du Mont-Blanc" sera composé, le 24 août prochain, d'un plateau de coureurs exceptionnel. Nous en faisons le tour pour vous, après inspection minutieuse de la liste des inscrits. Dans la catégorie des ultra-trails de plus de 100 km, ne nombreux coureurs peuvent justifier d’excellentes performances, peu d’entre eux peuvent se targuer de performances de haut niveau. Les organisateurs de l’Ultra-Trail du Mont-Blanc peuvent se féliciter d’attirer ces derniers en nombre de plus en plus important chaque année. Nous vous proposons ici un petit tour d’horizon de ces ultra-trailers, parmi les meilleurs du monde, capables de courir sur des pentes à 30% et qui verront, eux, le lever du soleil à proximité du Grand Col Ferret, après une centaine de kilomètres de course. Scott Jurek incontestable ? Du papier à la réalité, il n’y a qu’un pas. Sur le papier, le grandissime favori de cette cinquième édition de « The North Face Ultra-Trail Tour du Mont-Blanc » (UTMB) devrait être Scott Jurek. À ceux qui n’y croyaient pas trop, il répond en remportant et en battant le record de la Hardrock 100 mile Endurance Run, l’un des ultra-trails les plus difficiles au monde (lire l’encadré)… sur le papier. Dans le même temps, il bat le record de la course, qui tenait depuis 2001. Depuis quelques années, il réussit tout ce qu’il tente : Western States (sept fois et record de la course), Badwater (deux fois de suite et record de la course), Spartathlon. À chaque fois, il s’agissait d’épreuves très roulantes, remportées tambour battant. Avec la Hardrock, Scott Jurek montre qu’il peut aussi s’imposer à une moyenne kilométrique inférieure à 7 km/h (sic). Il devra peut-être aller légèrement plus vite s’il veut s’imposer sur les 163 km et 8900 m de dénivelé positif de l’UTMB. Des Américains à Chamonix Loin d’être le seul favori, Scott Jurek prendra le départ de la course entouré d’un plateau de compatriotes impressionnant. Karl Meltzer, « monsieur Ultra 2006 » selon le classement annuel d’Ultrarunning Magazine. Quatre fois vainqueur de la Hardrock, il a remporté 40 des 80 ultras auxquels il a participé, et 16 cent miles victorieux sur 28 participations. Ceux qui pensent qu’un Américain va gagner cette année sont partagés entre ces deux coureurs. Moins depuis cette dernière édition de la Hardrock. Hal Koerner, vainqueur de la dernière édition de la Western States, Dean Karnazes et Topher Gaylord complètent ce plateau étasunien. Ce dernier a certainement plusieurs avantages sur tous ses compatriotes : vivant en Italie et très impliqué dans l’organisation de l’UTMB, il en connaît parfaitement le tracé. Il l’a couru toutes les années (deuxième ex-æquo de la première édition) et sait donc gérer une course sans meneur d’allure. L’avantage du terrain Car nous mettons-là le doigt sur des critères qui pourraient faire la différence entre les « locaux » et les autres. Outre leurs qualités athlétiques comparables à celles de leurs homologues nord américains, le Français Vincent Delebarre (vainqueur en 2004), le Suisse Christophe Jaquerod (vainqueur en 2005), le Népalais de Genève Dawa Sherpa (vainqueur en 2003) ou encore l’Italien Marco Olmo (vainqueur en 2006) possèdent la « science » de l’ultra-trail à la française. Ils savent en effet parfaitement gérer leurs ravitaillements, connaissent chaque caillou du circuit, sur lequel ils ont pu s’entraîner encore et encore depuis des mois et surtout, ils ont l’habitude de courir sans meneur d’allure. Le meneur d’allure est en effet l’une des grandes différences entre les ultra-trails européens et américains. Outre-Atlantique, il est autorisé de se faire accompagner par un coureur, qui se comporte comme un véritable assistant volant. Non seulement le meneur d’allure court à vos côtés (pas toute la course), mais il peut également porter votre ravitaillement, vous soutenir moralement… réfléchir à votre place. Autant dire que l’UTMB, avec ses ravitaillements réduits cette année, laissera une large place à la capacité des coureurs (de tous niveaux) à s’autogérer. Les dames aussi Les mêmes questions se posent chez les dames, avec une concurrence là aussi relativement élevée. Comme l’an dernier, Karine Herry devrait être en bonne place pour l’emporter mais cette fois, le conditionnel est de rigueur. La présence de Nikki Kimball pourrait contrarier ses plans. En effet, l’Américaine, véritable star de l’ultra chez elle, est arrivée deux heures avant la Française à la Western States, le 24 juin dernier, et deux heures, ce n’est pas rien. Mais là encore, le terrain, la gestion de course et le fait de jouer à domicile sont autant de facteurs à l’avantage de Karine Herry. Les deux favorites devront tout de même composer avec d’autres coureuses aux jambes longues, telles qu’Alexandra Rousset et Marguerite Hoarau, deux lauréates du Grand Raid de La Réunion, ou encore Elizabeth Hawker. Celle là a remporté l’édition 2005 de l’UTMB et possèdera un atout indéniable dans les phases de relance puisqu’elle est championne du monde en titre de 100 km. Outsiders et candidats exotiques Cette année, vous l’aurez compris, l’UTMB mériterait plus que jamais le qualificatif de championnat du monde d’ultra-trail. Une dénomination officieuse, posée ici juste pour donner une idée au lecteur non averti de la densité de coureurs présente sur place. Parmi les 2000 qui prendront le départ de Chamonix le vendredi 24 août 2007 à 18 h 30, vous trouverez également des outsiders. Les outsiders, ce sont des coureurs dont le talent n’est plus à démontrer et dont on se dit que dans un bon jour… Surveillez donc de près ces quelques noms, qui, dans un « bon jour » pourraient très bien accrocher un podium, voire remporter l’épreuve. Pour eux, pas de pression autre que celle de gérer leur propre course au mieux de leurs capacités. Nous en oublierons certainement mais on peut citer : Serge Barthes, Samuel Bonaudo, Michel Cercueil, Sébastien Chaigneau, Antoine Guillon, Mark Hartell, Benoit Laval, Jens Lukas (4e en 2006) Guillaume Millet (une fois 4e et une fois 5e), Wilfrid Ouledi (La Réunion), Philippe Verdier… D’autres, totalement inconnus chez nous et présentant des palmarès difficiles à évaluer, pourraient provoquer l’étonnement général. Ne soyez donc pas étonné de retrouver aux avant-postes le Norvégien Ole Petter Hjelle, membre de l’équipe nationale de marathon (2 h 20 mn 03 s), le Suisse Bernhard Hug, spécialiste de niveau mondial sur courses multisports, Daniel Keller, vice champion du monde de duathlon longue distance en 1997 et 1999 et vainqueur en couple du Gigathlon 2006 (épreuve multisports d’endurance). Et derrière tout ce joli monde, des centaines de coureurs tenteront d’améliorer leurs temps, de terminer plus frais que les années précédentes, ou tout juste, de terminer l’UTMB ou le Courmayeur-Champex-Chamonix. |