A nouveau dans les 10 premiers de cet Ultra gargantuesque, c'est avec sa gentillesse et sa disponibilité coutumière que Guillaume a accepté cette petite interview :
Guillaume, te voilà à nouveau dans le top ten, 6ème, alors que le niveau n’arrête pas de monter, comment expliques tu régularité sur cette épreuve qui apparemment te réussi ?
Merci Laurent. En effet, c'est un peu ma course préférée, et j'ai de la chance car c'est sans nul doute désormais la course-phare de l'ultra-trail en Europe et peut-être dans le monde. Quand on voit que les 3 meilleurs américains étaient présents, on peut considérer que l'utmb a dépassé cette années les plus grand 100 miles US. Cette épreuve me convient bien car les montées sont longues et régulières, on peut utiliser les bâtons (je suis ancien skieur de fond) et surtout sa date est parfaite car je peux profiter des congés pour m'entraîner. Le reste de l'année, c'est plus compliqué pour moi de placer de grosses sorties d'entraînement. J'ai un boulot que j'adore mais qui est assez chronophage.
On annonçait du très haut niveau avec notamment les américains, à l’arrivée, les européens sont là, et les américains abandonnent, qu’en penses tu ?
Je ne sais pas si on peut tous les mettre dans le même sac. J'ai cru comprendre que l'un d'entre eux n'avait pas tout à fait récupéré d'un 100 miles récent, un autre avait centré ses objectifs sur la Western States (comme les Réunionnais d'ailleurs qui sont costauds mais se préparent surtout le GRR) et le 3ème avait peut-être pris l'utmb avec un peu de suffisance. Je reste persuadé qu'ils sont très forts et je n'ai aucun doute sur le fait que Scott Jurek comptera parmi les prochains vainqueurs de l'utmb.
Raconte nous un peu ta course, as-tu eu des moments de doutes, as-tu gérés ?
Un peu comme d'habitude, départ prudent (50ème aux Contamines), et retour progressif. Je pense que c'est la bonne solution même si ce qu' à fait Nicolas Mermoud fait réfléchir. Des moments de doute, il y en a toujours. J'en ai eu déjà pendant la préparation puisque je me suis fait une entorse au Tour des Glaciers de la Vanoise. Pendant la course, le principal moment de doute a été la descente sur Vallorcine. Je me suis fait passer par 2 coureurs, je me voyais sortir des 10 et j'étais vraiment dans le dur. Là encore ça sera un bon enseignement pour l'avenir puisque non seulement je n'ai plus reculé mais j'ai repris 3 places. Rien n'est jamais perdu en ultra. Ni gagné d'ailleurs.
En tête de course, comment sont les relations entre coureurs ? Vous vous soutenez, vous ne bronchez pas, vous restez concentrés ?
Ca depend avec qui. On a plus d'affinité avec certains qu'avec d'autres. J'ai fait un morceau assez long avec Pascal Blanc du team Lafuma dont je fais aussi partie et un autre encore plus long avec Antoine Guillon du même team. Ce sont deux gars que j'apprécie bien (j'avais d'ailleurs terminé main dans la main avec Antoine il y a 2 ans) et on a pas mal parlé, ça permet de se décentrer de la course, je crois que c'est plutôt positif.
J’ai été agréablement surpris par le côté festif de cette course (aux ravitos, spectateurs) ça doit sacrément vous stimulez, voire même ça donne envie de se griser ? (le piège)
C'est sûr, c'est assez exceptionnel. Le seul truc comparable que j'ai vécu c'est la montée du Risoux à la Transjurassienne (surtout quand on est un régional de l'étape comme je l'étais). Tu as raison, ça peut être un piège mais d'une part, ça ne revient dans l'ensemble pas très souvent et d'autre part, ça fait partie de routines que j'avais travaillé en prépa mentale : ravito = public = force-toi à ralentir.
Pour ma part, j’ai eu l’estomac en vrac, comme la plupart des coureurs, as-tu ce genre de symptômes, et sinon, à quoi c’est du ?
C'est la question que doivent se poser environ 80% de coureurs. C'est franchement impressionnant le nb de types qui m'ont dit avoir arrêté à cause de ça ou bien terminé mais en ayant vomis ou au moins eu envie de le faire. Et de tous niveaux, y compris parmi les meilleurs. Je pense que le stress y est pour beaucoup, l'envie de trop bien faire au niveau recharge glucidiques les jours d'avant (donc surcharge du système digestif) peut-être aussi, Le froid pour certain (transpiration dans les cols + froid au ventre sur le dessus). Je n'ai pas de recette miracle, sorry. D'habitude je suis assez solide sur ce plan, cette année, j'étais quand même bien un peu limite. Enfin, c'est passé.
Du coup parlons diététique, tu tournes à quoi toi sur ces ultras ?
Bière à la testostérone et sandwich comté-epo. Accessoirement, punch power goût neutre pour le produit énergétique, gels de la même marque ainsi que qq powergels, soupes, qq pâtes et (surtout cette année où j'étais limite au niveau intestinal) coca + eau. Bref quasiment pas de solide.
Partant pour l’année prochaine ?
A priori non car je serai tout l'hiver, le printemps et le début de l'été en Australie pour le boulot dans un endroit plat de chez plat. Maintenant, en fonction de la date à laquelle je reviens, et peut-être aussi un peu poussé par Lafuma, qui aimera sans doute conserver la victoire par équipe, je ne m’interdis pas de le faire.
Tu prépares la Diagonale des fous très bientôt ? C’est quoi le programme jusqu’à cette nouvelle aventure ?
J'ai demandé à un copain qui connaît bien l'entraînement en général et l'ultra en particulier (c'est un gars de vers chez toi : Jean-Claude Banfi) de me donner sa vision de choses sur les 2 mois entre les 2 courses. J'avais bien sûr mon idée mais je voulais voir si on était d'accord ou pas. ça m'a rassuré car c'était le cas dans l'ensemble et on a discuté sur certains points sur lesquels on était pas tout à fait d'accord. En gros ça va se découper de la façon suivante : récup 2 semaines (qui se terminent), bloc de développement en commençant par VMA en côte puis seulement séances descente et un week-end choc 29-30 septembre dans un endroit aussi proche que possible de la Réunion et enfin 2 semaines d'affûtage et reco du terrain (puisque j'aurai la chance d'y aller 10 jours avant pour donner des cours).
Les organisateurs pensaient que moins de 20 heures, c’était possible ?? Je pense que ce n’est pas possible ? Et toi ???
Scott Jurek dans un grand jour ne devrait pas être bien loin.
Un mot sur Marco Olmo ? Une nouvelle fois vainqueur à 59 ans…. ??? Mais comment fait il ?
Aucune idée, pose-lui la question.
Si tu as une question a posé à un traileur n'hésites pas....
Ca vous brancherait de participer à une expérimentation sur la fatigue en ultra lors de l'utmb (avec suivi personnalisé en amont) ? Si oui, surveillez le magazine ultrafondus, on vous donnera les détails bientôt.
Encore merci et bonne continuation et bonne préparation pour la réunion