50 minutes d'arrêt auront été nécessaire pour me refaire la cerise. Je pars en marchant le long du lac, Jean-Mi et Jas m'encouragent et me motivent, ils ont bien cru que l'aventure allait s'arrêter à Champex.
Et ben non, je croise Jim, il m'encourage à fond et m'explique les 3 dernières difficultés. Je sens dans ses yeux qu'il a confiance, il sait que je vais finir, il me connaît si bien lui qui a terminé 28ème il y a 2 ans, respect Jim.
Je refuse de courir pour digérer ce que j'ai pu avaler à ce ravito et me dirige vers l'inquiétant Bovine.
Ca monte fort, crapahute de rocher en rocher, mais je monte assez bien, tranquillement. La faim se fait sentir, je suis aux anges, car cela veut dire que l'estomac fonctionne à nouveau normalement, c'est gagné. Je me tape un pitch (normal), compote,..., et arrive sur les hauteurs.
Au ravitaillement, je suis content de voir les supporters de choc Laurine et Franck, génial. (article de Laurine ICI). C'est reparti pour une longue descente au Col de Voza, puis vers Trient.
Une belle surprise m'attend, car à l'arrivée du dernier sentier, Aurélien et Alexia m'encouragent et me guident vers le ravito où je retrouve Jean-Mi (le costaud qui est déguisé en travailleur routier (ou en canari fluo) pour mieux que je le repère la nuit). Je vais bien, j'ai la patate, une douleur au genou droit commence à apparaître quand je m'arrête et que je repars... à suivre...
C'est reparti direction Catogne et Vallorcine, je me sens super bien, je fais une super descente reprenant une dizaine de coureurs, la forme est bien revenue.
A Vallorcine, je suis encouragé par Alexis et sa petite famille, et Isa, trop bien, il reste 18km et 1200m de déniv, cela veut dire que j'ai parcouru 148km et 8200 d+, ça sent la quille, je sais que je vais finir. Je ne m'arrête pas longtemps et repars direction le Col du Montet. J'ai la chance de croisé Pilou et sa bande qui mettent le feu, puis je m'arrête faire un pissou.. Aie aie aie, j'ai une tendinite au genou droit qui me fait mal et il me faut plus de 5 minutes pour ne plus boitiller. Puis survient le 2ème gros de coup de batte de baseball : le SOMMEIL... Je ne m'y attendais pas, il vient de me tomber sur la tête en un rien de temps. Je réalise qu'il est 22h45, et que je suis entrain d'entâmer ma 2ème nuit blanche. Alexis et Mme m'encouragent et réalisent qu'en 15 minutes, je suis passé de l'euphorie à un état comateux. Je ne marche pas droit, tape des cailloux avec les pieds. Je lève les yeux, les étoiles du ciel se mélangent aux frontales qui crapahutent dans la nuit la Tête au Vent. Je suis impressionné par cette montée, je grimpe tout doucement me demandant si je ne vais pas "bèner" 10 minutes pour siester. Mais il fait froid et si je m'arrête, comment vais je repartir avec ces débuts de blessures?
Je serre le dents et me rappelle les raids non stop, je m'occupe, me parle, me change les idées, c'est à nouveau un grand moment de solitude. D'autant plus qu'au Col : que c'est long d'arriver au ravito de la Tête au Vent, que c'est long,....
Ca y est, le cycle de sommeil vient de passer, ouf!
reste 10km de descente pour rejoindre la Flégère et l'arrivée. Je me lance pour trottiner et oups, cette fois c'est sur le haut du mollet gauche que ça coince, tiraille? Imposible de courir en descente, je suis deg car je pensais en terminer rapidement (jusque là, j'avais pu faire toutes les descentes en courant). C'est donc en marche rapide que je vais terminer la course.
Chamonix, enfin, encore 2km, 1km, Aurélien et Aléxia sont à nouveau là, ils ont le sourire aux lèvres, c'est 2h30 du matin et ils sont contents de me voir alors qu'ils devraient être dans les bras de Morphée, et ben non, vous avez été adorables, même qu'Aurélien, quand il sera grand, ben il le fera l'UTMB...
2h38 du matin, le tour est bouclé en 32h08, place 144....
Qu'importe la place, le but était de TERMINER enfin ce mytique tour, Ca, c'est fait.... Belle et bien longue vadrouille.
Grand merci à Jean-Mi et Jas pour m'avoir supporté (dans tous les sens du terme) et à vos 2 familles totalement impliquées dans l'aventure, à Mélissa finisher CCC qui s'est relevée spécialement pour me voir arriver, à Laurine Franck, Xtof, Alexis et ta petite famille, à Pilou, la famille Tissot, la famille Freslon Bette, Jim, Yvan (bravo à toi) et vous tous qui m'avez encouragé tout au long du parcours ou avant par mails et textos...
Mais à peine franchit la ligne, Léo, médecin de l'étude me récupère avec tact et gentillesse pour enchaîner avec les tests de l'étude sur la fatigue. Vu ma blessure naissante, j'échappe au vélo, mais pas à la chaise électrique.
2 heures à nouveau de manipulations, tests de force, prise de sang, je ne vous cacherais pas que je n'ai pas vu l'échographie passer, Morphée m'ayant emportée dans le monde des rêves, genre un jour, je le terminerai ce tour, un rêve qui est devenu en ce dimanche matin, une réalité.
Ps : Un grand merci à toute l'équipe d'expérimentateurs de Guillaume Millet, adorables, patients, il fallait finir le tour pour vous revoir, c'est avec une immense joie que je vous ai revu.